Royce White
Quel est le plus gros bide des 5 dernières draft ?
La sélection à la draft n’est pas une science exacte. Malgré une multitude de scouting reports, de vidéos et de matchs vu par les dirigeants il arrive qu’ils se trompent complètement. Retour sur les plus gros gâchis de ces cinq dernières années.
2009 : Hasheem Thabeet
1 | Blake Griffin | LA Clippers |
2 | Hasheem Thabeet | Memphis |
3 | James Harden | Oklahoma City |
4 | Tyreke Evans | Sacramento |
5 | Ricky Rubio | Minnesota |
Après | Stephen Curry, DeMar DeRozan, Brandon Jennings, Jrue Holiday, |
Au sein d’une cuvée très riche, Hasheem Thabeet intrigue. Ses 2,21 mètres, tout comme sa mobilité et sa coordination font fantasmer tous les scouts et tous les dirigeants. Ses trois années passées à l’université rassurent, tout comme ses statistiques pour sa saison NCAA 2008-2009 (13.6 points, 10.8 rebonds, 4,2 contres). Memphis, avec le deuxième choix jette son dévolu sur le joueur d’origine Tanzanienne, même s’ils possèdent en Marc Gasol un pivot d’avenir très costaud. Difficile de passer à côté de lui, même si le poste 5 est celui que les Grizzlies avaient le moins besoin de renforcer.
Avec l’arrivée durant l’été de Zach Randolph, les perspectives de temps de jeu s’amenuisent. Au fil de la saison les doutes se confirment, Marc Gasol qui continue de progresser joue 36 minutes par match et Randolph 38 minutes. Derrières ces deux titulaires indéboulonnables, Thabeet ne joue que 13 minutes. Pas assez pour se mettre dans le rythme et pour prendre des repères dans ce championnat très différent de la NCAA. Il n’est toujours pas prêt pour la NBA, mentalement et surtout physiquement. Il est extrêmement fin et manque d’une bonne dizaine, voir quinzaine de kilos de muscles pour espérer lutter un minimum face aux intérieurs adverses.
Sa saison rookie est pourtant sa meilleure à ce jour en marquant 3.1 points, en prenant 3.6 rebonds et en contrant 1.2 shoots. Après 45 matchs pour sa saison sophomore, ou sa production et son temps de jeu sont très nettement en baisse, il est envoyé à Houston. Il ne restera qu’une saison dans le Texas avant de refaire ses valises direction Portland pour un nouvel échange. Il terminera la saison là-bas avant de signer à l’été 2012 à Oklahoma City. On se dit qu’enfin une équipe va lui donner sa chance, l’environnement y est parfait pour qu’il explose enfin dans une équipe qui sait très bien former ses jeunes joueurs et où le poste de pivot est le plus faible de l’effectif.
Mais les espoirs sont de courte durée. Thabeet souffre toujours physiquement et n’est pas assez costaud pour s’imposer dans la raquette, il continue de décevoir, n’affichant aucun progrès. Il jouera au final 66 matchs avec en moyenne 11 minutes par matchs, sa production se rapproche de celle de son année rookie (2,4 points 3 rebonds et 0,9 contres) mais il avait clairement une carte à jouer pour devenir un titulaire en puissance. Cette saison, l’arrivée de Steven Adams l’a complètement sorti de la rotation, il n’est rentré que dans 5 matchs sur les 40 disputés par le Thunder, mais surtout on se demande maintenant s’il progressera un jour et s’il arrivera enfin à prendre du muscle. Il restera l’une des plus grosses déceptions de l’histoire de la draft, même s’il a eu des circonstances atténuantes comme la présence de Marc Gasol à Memphis et les transferts à répétition l’empêchant d’évoluer dans un environnement stable.
2010 : Ekpe Udoh
5 | DeMarcus Cousins | Sacramento |
6 | Ekpe Udoh | Golden State |
7 | Greg Monroe | Detroit |
8 | Al-Farouq Aminu | LA Clippers |
9 | Gordon Hayward | Utah |
10 | Paul George | Indiana |
Après | Avery Bradley, Eric Bledsoe, Ed Davis, Larry Sanders |
A l’été 2010, les Warriors cherchent en priorité un pivot. L’effectif est complètement déséquilibré avec les seuls Andris Biedrins et Ronny Turiaf comme intérieurs de métier. L’équipe est la plus mauvaise défense de la ligue avec 112 points encaissés par match, et donc les dirigeants veulent un intérieur défensif censé devenir la tour de contrôle de ce côté là du terrain. Juste avant de récupérer David Lee dans un trade avec les Knicks, les Warriors sélectionnent en sixième positon le poste 5, Ekpe Udoh. l’ex-joueur de l’université de Baylor a certes un potentiel et des qualités offensives beaucoup moins importantes que Greg Monroe, l’autre intérieur encore disponible. Mais Udoh a un profil défensif qui correspond aux besoins.
Limité, il n’arrive même pas à s’imposer en tant que titulaire. Ne commençant que 18 matchs sur les 58 qu’il a disputé, il tourne pour sa saison rookie très péniblement à 4,1 points (43,7% aux tirs), 3,4 rebonds et 1,5 contres. Son impact défensif est en revanche intéressant, en sa présence l’équipe encaisse 101,7 points en 100 possessions, contre 107,6 lorsqu’il n’est pas là. Ce n’est cependant pas suffisant pour son coach, qui ne le fait jouer que 17 minutes en moyenne. Sa saison sophomore étant du même acabit, sans réelle progression, il est envoyé en Février 2012 à Milwaukee en compagnie de Monta Ellis contre Andrew Bogut.
Dans le Wisconsin, Udoh n’arrive pas à s’imposer, donnant l’impression de stagner et de ne pas progresser. Depuis son arrivée, ses statistiques sont continuellement en baisse malgré un temps de jeu qui se maintient autour des 19 minutes par matchs. Pour la dernière année de son contrat il réalise sa plus mauvaise saison, il n’a pas profité de la blessure de Larry Sanders pour se mettre en valeur, ce qui n’est vraiment pas bon signe avant de devenir free agent cet été. Son profil et sa taille devraient quand même l’aider à trouver un club, mais il sera au mieux le 4ème intérieur. Très décevant.
2011 : Derrick Williams
1 | Kyrie Irving | Cleveland |
2 | Derrick Williams | Minnesota |
3 | Enes Kanter | Utah |
4 | Tristan Thompson | Cleveland |
5 | Jonas Valanciunas | Toronto |
Après | Kemba Walker, Klay Thompson, Nikola Vucevic, Kenneth Faried, Iman Shumpert |
Au moment de la draft, Derrick Williams était décrit comme le joueur le plus « NBA Ready ». Il est drafté en 2ème position derrière Kyrie Irving, qui a manqué les trois quarts de la saison universitaire mais dont le potentiel est immense. Le choix de Minnesota semble donc juste, Williams étant un joueur pouvant évoluer aux postes d’ailier fort et d’ailier grâce à ses qualités athlétique et son shoot correct. Les Wolves possèdent déjà Kevin Love mais ils n’ont pas de titulaire indiscutable au poste 3 et donc le choix est cohérent, surtout qu’après, n’arrivent que des big man.
Malgré un potentiel évident, il déçoit pour sa première saison. Il est utilisé comme back-up de Kevin Love et très peu à l’aile, il n’est titularisé que 15 fois et signe une saison rookie très moyenne avec 8,8 points et 4,7 rebonds. En 2012-2013, Williams profite à plein de la très longue blessure de Love pour gagner des minutes et s’installer dans le 5 majeur au poste d’ailier fort. Williams arrive à être performant, sublimé par Ricky Rubio il grimpe jusqu’à 12 points par matchs en étant très bon après le All Star Break ( 14.3 points en Février, 15.5 en Mars). Cependant sa production aux rebonds est souvent montré du doigt tout comme sa défense.
Avec le retour de Kevin Love l’été dernier, Rick Adelman annonce qu’il fera jouer Williams au poste 3. Mais dans les faits, l’ailier joue très peu (seulement 14,7 minutes), et fin Novembre, le front office de Minnesota qui en a assez d’attendre que le joueur utilise enfin tout son potentiel l’échange à Sacramento. Là-bas, il est titulaire dès son arrivée, à l’aile. Ses 7 premiers matchs sont prometteurs avec tout de suite près de 13 points de moyenne et 6 rebonds. Ses qualités athlétiques sont très utiles et il semble enfin s’épanouir. Malheureusement pour lui, Rudy Gay débarque, et Derrick Williams retourne sur le banc de touche où depuis il rempli le rôle de sixième homme. Malgré un talent évident, il fait parti de ces joueurs qui ont toujours la malchance d’être au mauvais endroit, au mauvais moment mais espérons pour lui qu’une équipe lui offrira enfin une vraie chance de briller. Il ne sera pas le All Star annoncé avant sa draft, mais il peut devenir un bon joueur s’il arrive enfin à se fixer à un poste et à jouer avec plus d’intensité et plus durement en défense.
2012 : Thomas Robinson
4 | Dion Waiters | Cleveland |
5 | Thomas Robinson | Sacramento |
6 | Damian Lillard | Portland |
7 | Harrison Barnes | Golden State |
8 | Terrence Ross | Toronto |
9 | Andre Drummond | Detroit |
Après | Jeremy Lamb, John Henson, Andrew Nicholson, Jared Sullinger |
Longtemps placé à la deuxième place de toutes les mock drafts derrière Anthony Davis, Thomas Robinson a finalement glissé jusqu’à la cinquième position. Sacramento a sauté sur l’occasion pour le sélectioner et en faire le complément de DeMarcus Cousins dans la raquette. Avec ses qualités de rebondeur et de défenseur il semblait vraiment complémentaire du pivot californien. Avec le recul, ce choix semble toujours cohérent, et justifié, même si les Kings auraient pu prendre également Harrison Barnes pour combler leur faiblesse chronique à l’aile.
Tout ne s’est pas vraiment passé comme prévu chez les Kings. Seul joueur d’équipe dans un roster composé d’éléments hyper individualistes, Robinson n’arrive pas à s’imposer. Il perd la place qui lui était promise dans le cinq majeur dès le training camp au profit de Jason Thompson. Son activité sur le terrain perd en intensité au fil des matchs, et malgré des statistiques très bonnes au rebonds (4,7 prises en 16 minutes) il est inexistant en attaque, et les seules fois où il touche le ballon, ses shoots sont manqués, seulement 43% aux tirs ce qui est indigeste pour un intérieur.
Sa confiance étant porté disparue, et son implication se réduisant, il est envoyé en cours de saison à Houston en échange de Patterson. Dans le Texas, il n’arrive pas à s’imposer malgré un gros manque au poste d’ailier fort. En 19 matchs, ses statistiques sont les même qu’à Sacramento mais là aussi son manque d’intensité et de motivation agace. Au début de l’été il est encore transféré, cette fois-ci à Portland pour jouer les doublures de LaMarcus Aldridge. Les attentes autour de lui étant grandement redescendues, cette expérience en Oregon est pour le moment plutôt bonne même s’il peut faire beaucoup beaucoup mieux en défense et aux rebonds. S’il ne se bouge pas d’avantage, et s’il ne renforce pas son mental, il fera une carrière de bon back-up en NBA, dommage pour un joueur au potentiel de All-Star.
2013 : Anthony Bennett
1 | Anthony Bennett | Cleveland |
2 | Victor Oladipo | Orlando |
3 | Otto Porter | Washington |
4 | Cody Zeller | Charlotte |
5 | Alex Len | Phoenix |
Après | Ben McLemore, Trey Burke, Michael Carter-Williams, Giannis Antetokounmpo |
Le Canadien, premier choix en Juin dernier à la surprise générale, est pour le moment catastrophique. Cleveland nous a habitué à sélectionner des joueurs attendus plus bas que leurs picks (Thompson, Waiters) mais qui se révèlent être des bons joueurs sur lesquels on peut construire. D’après le consensus général, Nerlens Noel était programmé pour être le numéro un, mais sa rupture des ligaments croisés a refroidi les cinq premières équipes. De ce fait, il restait 4 joueurs pouvant potentiellement être le premier choix. Victor Oladipo, Ben McLemore, Alex Len et Otto Porter du fait du manque d’ailier de qualité chez les Cavs. Cody Zeller était attendu dans le top 5 mais pas sur la première marche, et Anthony Bennett était programmé pour être le 7 ou 8ème choix.
Ainsi, Cleveland a fait un choix très surprenant. Bennett, déjà à l’époque, n’avait absolument pas les qualités pour jouer au poste 3, et le poste 4 étant déjà occupé par Tristan Thompson qui joue 32 minutes par matchs en progressant saison après saison. La volonté de l’équipe étant aussi de remettre Dion Waiters dans le rôle qui était le sien à Syracuse et pour lequel il a un brillant avenir en NBA, en sixième homme. Cela aurait donc été beaucoup plus cohérent de sélectionner Victor Oladipo, dont le scout pensait et pensent toujours qu’il sera le meilleur joueur de cette classe de draft. L’arrière est aussi un très bon défenseur ce qui le fait rentrer dans la philosophie de jeu de Mike Brown, contrairement à Bennett qui est peu performant dans ce domaine. Les deux autres choix plus cohérents auraient été de prendre Ben McLemore qui aurait pu être complémentaire de Kyrie Irving, ou Otto Porter pour combler le trou à l’aile, même s’il n’a pas forcément le plus gros potentiel.
Le « WOOOW » du présentateur d’ESPN au moment de l’annonce de son nom par David Stern est déjà mythique. C’est d’ailleurs peut-être le même cri qu’ont lâchés les préparateurs physiques de Cleveland en le voyant arriver cet été. Complètement hors de forme, absolument pas affuté, l’ancien pensionnaire d’UNLV n’a déjà pas mis toutes les chances de son côté pour réussir. A l’université il était déjà un peu rondouillard mais cela ne l’empêchait pas d’être performant, malheureusement il a encore pris des kilos avant de rejoindre l’Ohio, et ce ne sont pas des kilos de muscles.
Pour le moment, Bennett est rentré dans une spirale négative et n’a plus aucune confiance pour jouer de manière efficace. Ses statistiques sont catastrophiques (2.4 pts, 2.2 rebonds, 26% aux shoots), et surtout son impact sur l’équipe est inexistant. Cleveland étant maintenant très fourni sur les postes 3 et 4, Bennett n’a que très peu de minutes, où il tente de forcer son jeu pour marquer quelques points, sauf qu’évidemment, ces shoots ne rentrent pas et il ne retrouve pas sa confiance. Il a lui-même évoqué la possibilité d’aller jouer en D-League, une première pour un first pick, Mike Brown refuse pour le moment mais cela semble être une très bonne idée, histoire de retrouver le rythme et ses sensations plutôt que de rester sur le banc.
Attention tout de même, Anthony Bennett est le joueur avec le plus gros talent offensif de cette liste, cela va lui prendre du temps de retrouver son meilleur niveau, mais c’est possible et il pourrait sans problème devenir un joueur d’impact dans la ligue. Malheureusement les attentes et la pression s’exerçant sur lui sont 1000 fois supérieures à ce que ça aurait pu être s’il avait été drafté en 6 ou 7ème position. En attendant, il reste pour l’heure le plus mauvais premier choix de la draft.
Mentions spéciales
Johnny Flynn – 6ème choix de la draft 2009
Wesley Johnson – 4ème choix de la draft 2010
Jan Vesely – 6ème choix de la draft 2011
Jimmer Fredette – 10ème choix de la draft 2011
Austin Rivers – 10ème choix de la draft 2012
Royce White – 16ème choix de la draft 2012